Comment mangent nos soldats

Extrait du"PETIT JOURNAL" du 26 août 1914

 

Dans les opérations de détail d'abord, d'ensemble ensuite, quise sont succédé depuis le début de .la campagne, un grand nombre de nos unités a passé nos frontières. Ces troupes-là, qui marchent et qui se battent, comment les nourrissons-nous ? C'est une question qua toutes les familles se posent. A cette question, voici la réponse :

On sait d'abord, que tous leshommes portent sur eux un jour de vivres, ce sontles vivres de réserve. Mais, ces vivres de réserve on ne doit y toucher qu'en cas d'absolue nécessité, quand il n'y .a rien d'autre à manger. C'est la suprême ressource en cas de ravitaillement impossible.

Ces vivres comprennent 300 grammes de pain de guerre, c'est-à-dire d'un biscuit de fabrication très soignée, 300 grammes de viande de conserve, 50 grammes de potage condensé, 36 grammes de café et 80 grammes de sucre, plus, pour16 hommes, un litre d'eau-de-vie. Ce n'est pas, comme on voit, un gros repas. C'est la coup de fouet qui réveille, qui entraîne. On réparera, plus tard.

Les vivres de réserve étant exclusivement destinés à cet emploi, comment sefait le ravitaillement journalier de nos soldats ?

D'abord par la distribution qui se fait, chaque jour, pour le lendemain. Le jour de vivres comprend 700 grammes de pain, 100 grammes de riz ou de haricots, 24 grammes de café, 32 grammes de sucre, lelard, le sel, enfin 500 grammes de viande fraîche ou 300 grammes de viande de conserve avec 50 grammes de purée de légumes pour faire la soupe.

En outre, les hommes reçoivent toujours, sauf  impossibilité, les vivres dits d'ordinaire, c'est-à-dire achetés directement par les capitaines-commandants : pommes de terre, choux, carottes, assaisonnements divers, quelquefois vin, etc....

Voila l'élément quotidien del'alimentation du soldat. Comment cet élément se •constitue-t-il ? En d'autres termes, comment sont remplacés, dans le régiment, les vivres distribués aux soldats ? Comment se fait le ravitaillement des unités ?

Ce ravitaillement se fait par chemin de fer. C'est là un mécanisme compliqué, puisqu'il s'agit de retrouver, chaque jour, , des régiments qui changent de place. Pour résoudre cette difficulté, on a recours à la désignation journalière d'une gare de ravitaillement par corps d'armée.

A cette gare, les trains régimentaires, c'est-à-dire les voitures attelées, se rendent chaque jour. Elles emportent deux jours de vivres, sur lesquels se fait la distribution journalière qui a été décrite plus haut. Comme il y a deux jours de vivres, il en reste un à distribuer, pendant que l'autre se renouvelle.

 Mais une difficulté peut surgir. : l'interruption ou l'absence des voies ferrées. Dans ce cas les convois automobiles remplacent les trains de chemin de fer.

Autre difficulté à envisager : pour une raison ou pour une autre, le chemin de fer où le convoi automobile n'arrivent pas jusqu'aux troupes : dans ce cas, on a recoursaux réserves de vivres de corps d'armée.

Ces réserves comportent quatre jours de vivres. C'est sur elles que, dans l'hypothèse dont il s'agit, on prélève, pour les distribuer aux trains régimentaires, les deux jours de vivres des régiments. Ces réserves de cops d'armée ou d'armée s'appellent convois administratifs. .

Tout  cela c'est le mécanisme de transmission. D'où proviennent les vivres ainsi transmis ?

Il y a d'abord de vastes entrepôts, les station-magasins, gigantesques manutentions placées à des centres importants du réseau ferré. On y fabrique, chaque jour, des centaines de mille de rations de pain ; on y accumule la farine, le riz, les haricots, le café, le sucre, l'avoine, le matériel de toute sorte.

Les stations-magasins ne sont pas remplies d'avance. Elles possèdent un approvisionnement de quelques jours dès le temps de paix. A dater de la mobilisation, elles reçoivent quotidiennement des denrées de toute espèces de tous les coins de France.

Ces denrées sont recueillies par des commissions de ravitaillement, sur tout le territoire national, suivant un plan préparé à l'avance.

Reste la viande, base de l'alimentation du soldat. La viande ne peut être approvisionnée qu'à l'état de troupeaux. Ces troupeaux sont achetés sur place dans les régions riches en bétail et réunis à quelque distance en arrière du corps d'armée, pour ne pas encombrer les troupes.

Les troupeaux peuvent ainsi se reposer avant d'être abattus, ce qui permet de fournir de la viande très saine dans les meilleures conditions. Les viandes abattues sont envoyées auxcorps d'armée dans les autobus de la ville de Paris.

La consommation journaliers d'un corps d'armée est de 120 bêtes.

En un mot, la soldat reçoit, par les moyens ci-dessus indiqués, les produits du sol national achetés, transformés et transportés par l'autorité militaire.

Depuis le début de la campagne, le service du ravitaillement a irréprochablement fonctionné. Nos; troupes n'ont pas eu à recourir aux vivres de réserve. Elles ont été bicn nourries sur les divers théâtre d'opérations. — (Officiel)


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