GRAND QUARTIER GÉNÉRAL                                                                                             29 Juillet 1917.

DES ARMÉES

DU NORD ET DU. NORD-EST

Etat-Major.

                                     ik
DIRECTION DE L'ARRI
ÈRE.

N° 5824/0A.

GUIDE

DU

PERMISSIONNAIRE.

Il est très important pour les permissionnaires de se conformer strictement aux indications ci-après.

S'en écarter les expose à commettre des erreurs dont ils seront rendus responsables et qui, si elles entraînent finalement pour eux des retards à la rentrée, se traduiront par une réduction équivalente de la durée de la permission suivante.

RÈGLES GÉNÉRALES.

Les titres de permission sont de deux modèles : les per­missions roses et les permissions blanches.

Les permissions roses sont pour les militaires qui se rendent dans le département de la Seine ou dans celui de Seine-ct-Oise.

Les permissions blanches sont pour tous les autres.

Les permissions donnent droit au parcours gratuit en chemin de fer. Elles ne permettent, en principe, de se rendre qu'à une seule destination.

Toutefois, les militaires des Armées peuvent obtenir sur leur demande le bénéfice de la double destination pour se rendre dans les localités où ils résident (destination principale) ou dans celle où habite un de leurs parents proches (destination secondaire), c'est-à-dire et exclusivement père, mère, femme, enfants, frère, sœur, grands-parents, oncle ou tante, ou encore dans lesquelles ils ont des affaires importantes et urgentes à régler.

Le bénéfice d'une seconde destination n'est accordé que sur le vu de pièces justificatives (attestation du Maire, du Commissaire de police ou de la Gendarmerie).

Le permissionnaire est absolument obligé de prendre les trains militaires de permissionnaires sur tous les parcours où il peut les utiliser; c'est d'ailleurs son avantage, car ces trains-là ont été faits exprès pour conduire rapidement et avec le moins de complications possible les soldats des diverses zones du front dans toutes les régions de la France, et pour les en ramener.

 

 

MESURES À PRENDRE AVANT LE DÉPART.

Quand le moment de partir en permission arrive pour lui, le soldat s'occupera de bien se nettoyer de sa personne et de faire mettre ses effets en bon état.

Il n'oubliera pas qu'il se rend chez lui, où il aime bien que tout soit propre et que sa tenue contribuera à faire impression sur les gens de l'intérieur auxquels il faut donner confiance.

ÉTUDE DU VOYAGE.

L'indicateur des trains de permissionnaires est en vente au prix de 20 centimes dans toutes les coopératives.

Avant son départ, le permissionnaire le consultera.

S'il n'a pu l'acheter, on le lui communiquera à son unité, sur sa demande.

Il s'y rendra compte des divers trains qu'il doit utiliser tant pour se rendre chez lui que pour revenir à la fin de sa permission.

Il en prendra note.

En cas de doute, il n'hésitera pas à s'adresser à ses supérieurs, qui sont tenus de le renseigner.

Une fois en possession de sa permission, le permissionnaire doit prendre connaissance des indications qui y sont portées ; il se les fera expliquer s'il ne les comprend pas bien.

CENTRE DE RALLIEMENT.

Le centre de ralliement est une fraction d'un dépôt divisionnaire désignée à l'avance et où les permissionnaires doivent se rendre à leur retour quand l'unité à laquelle ils appartiennent s'est déplacée pendant leur absence. Tous les hommes doivent connaître leur centre de ralliement.

S'ils craignent de l'oublier, ils en prendront note par écrit avant de partir en permission.

DÉPART.

Pour se rendre à la gare d'embarquement, le permissionnaire n'a qu'à se conformer aux indications de ses chefs.

Suivant les distances, ils le feront conduire soit à pied en détachement, soit en camion, soit en petit chemin de fer.

A la gare d'embarquement, le permissionnaire présente sa permission au guichet pour qu'elle soit timbrée. Il monte ensuite dans le train militaire de permissionnaires.

GARE DE TRIAGE.

Sauf dans le cas exceptionnel où il se rend en permission près du front, il va d'abord jusqu'à une gare qui s'appelle : la Gare de triage.

Elleest indiquée par de grandes pancartes; d'ailleurs tout le monde y descend.

CAMP DE PERMISSIONNAIRES.

A côté des gares de triage, où les soldats ont à attendre plus ou moins longtemps, on a organisé de grands camps, lis trouvent là tout ce dont ils peuvent avoir besoin : des guichets de renseignements, des abris, des lavabos, des (louches, des cantines, un bureau de tabac, un bureau de télégraphe, un coiffeur, un poste médical de secours et, souvent aussi, des jeux et des distractions telles qu'un cinématographe, etc.

RÔLE DU GUICHET D'ORIENTATION.

Pour entrer dans le camp de permissionnaires, le soldat passe d'abord devant un guichet d'orientation où sa permission doit de nouveau être timbrée ; là on lui confirme les indications des trains qu'il doit prendre pour continuer son voyage.

Ces trains sont désignés par de grandes lettres telles que : J ou K, ou T, ou CH, par exemple. Au guichet, le pointeur qui est là inscrit sur la permission la lettre des trains à prendre avec l'indication des changements à faire, par exemple :

K; changement DIJON; U.

Cela veut dire : «Prenez le train K, vous changerez de train à DIJON et, pour continuer, vous devez prendre le train U ».

Le permissionnaire devra veiller à ne pas manquer le départ du train qu'il a à prendre. 11 pourra en vérifier l'heure en consultant les grands tableaux: affichés dans le camp.

Eu outre, au moment où le train va partir, on hisse à la sortie du camp une grande pancarte portant la lettre indicatrice.

Enfin, sur les voies, le train dans lequel il doit monter est lui-même indiqué par des pancartes qui portent la même lettre.

SUITE DU VOYAGE.

Deux cas peuvent se présenter:

  Ier cas. Le train pris par le permissionnaire l'emmènera directement à sa destination ou bien à une gare où il doit quitter le train de permissionnaires pour prendre un train du Service ordinaire.

2° cas. — Le train pris par le permissionnaire l'emmènera à une gare de bifurcation où il doit prendre un autre train militaire (dans l'exemple, donné plus haut, ce serait le train U).

Dans ce second cas, en arrivant à celte gare qui lui a été indiquée à la gare de triage, il devra descendre et passer à un nouveau guichet de contrôle; on lui confirmera là quel est le train qu'il doit prendre pour continuer et quelle est la gare à laquelle il doit définitivement quitter le train de permissionnaires militaires.

ARRIVÉE À DESTINATION.

Arrivé à la gare desservant le lieu où il se rend, le permissionnaire doit de nouveau faire timbrer sa permission et en faire détacher le coupon d'aller.                                                                            '

VISA DU COMMANDANT D'ARMESOU DE LA GENDARMERIE.

 

Le permissionnaire n'oubliera pas que, dans les 48 heures de son arrivée, il est tenu de faire viser sa permission chez le commandant d'armes ou, s'il n'y en a pas, au bureau de la brigade de gendarmerie dont relève son domicile.

          

VOYAGE DE SECONDE DESTINATION.

Le permissionnaire qui bénéficie d'une permission à double destination utilise pour gagner sa seconde destination le coupon joint à son titre en le faisant timbrer au départ et en le remettant à l'arrivée.

DURÉE DE LA PERMISSION.

1° Cas dela permission à simple destination.

La durée de la permission compte à partir du lendemain du jour de l'arrivée du permissionnaire à sa gare, c'est-à-dire du lendemain du jour auquel la permission a reçu le timbrage d'arrivée.

Ainsi la permission d'un homme, qui a une permission de sept jours et qui est arrivé à sa gare le 11 mai par exemple, compte à partir du 12 mai, qui est le premier jour, et finit par suite le 18 mai, dernier jour.

2° Cas de la permission à double destination.

La durée de la permission est calculée d'après l'arrivée à la première destination.

Le voyage pour se rendre à la seconde destination ne confère aucun délai supplémentaire.

A la fin de sa permission, le permissionnaire doit quitter la gare de deuxième destination dans les mêmes conditions que s'il y était arrivé à la date où il est arrivé à la gare de première destination.

Ainsi la permission d'un homme qui a une permission de sept jours et qui est arrivé à la gare desservant sa première destination le 11 mai compte à partir du 12 mai et finit le 18 mai dernier jour; le permissionnaire devra repartir de sa deuxième destination le 19 mai, c'est-à-dire à
la même date que s'il était resté tout le temps au même endroit.            \

DÉPART POUR LE RETOUR.

1° Cas de la permission à simple destination.

 

Le permissionnaire doit repartir le lendemain du jour où finit sa permission (dans l'exemple ci-dessus, ce serait donc le 19 mai).       

Il doit se mettre en route assez à temps pour pouvoir prendre le premier train de permissionnaires qu'il lai est possible d'atteindre en partant ce jour-là. Il prendra ce train de permissionnaires en retour à la même gare que celle où il a quitté le train de permissionnaires militaires qui l'a amené.

Il a à faire jusqu'à cette gare, mais en sens inverse, le même trajet qu'il a fait en arrivant.

D'après l'indicateur qu'il a consulté, il sait à quelle heure doit passer ce train de permissionnaires en retour, et il sera, d'ailleurs, toujours possible de vérifier qu'il a bien fait ce qu'il fallait pour le prendre.

2° Cas de la permission à double destination»

Le permissionnaire doit repartir de sa seconde destination le lendemain du jour où finit sa permission (dans l'exemple donné ce serait donc le 19 mai).

Il doit se mettre en route de manière à pouvoir prendre le premier train de permissionnaires en retour qu'il lui est possible d'atteindre en partant ce jour-là.

D'après l'indicateur qu'il a dû consulter avant son départ il sait dans quelle gare passera ce train et à quelle heure il devra l'y prendre à son passage ; il doit quitter le lieu de sa seconde destination assez à temps pour cela.

RETOUR DE  PERMISSION.

Le permissionnaire prendra ainsi à son passage le train militaire de permissionnaires en retour.

Trois cas sont à envisager ensuite :

1° Ou bien il s'agit d'un permissionnaire de la zone avancée que le train ramènera directement à sa destination ;

Ou bien il s'agit d'un permissionnaire que le train, ramènera directement à la gare de triage ;

Ou bien, et c'est le cas le plus général, le permissionnaire devra passer par l'une des gares de DIJON, CIIA-GNY, ORLÉANS, CORBEIL, ACHÈRES, PARIS-NORD ou PARIS-EST.

Dans ce troisième cas, une fois arrivé dans celle de ces gares qui le concerne, et s'il a à y changer de train, il passera au guichet de contrôle. On lui y donnera les indications nécessaires pour rejoindre la gare de triage par laquelle il doit passer au retour et qui n'est pas forcément celle par laquelle il est passé à l'aller.

 

PASSAGE À LA GARE DE TRIAGE.

En tous cas, une fois à la gare de triage, on lui donnera, comme à l'aller et de la même manière, les indications qui lui sont utiles pour gagner l'endroit sur lequel il doit être dirigé, en lui indiquant, s'il y a lieu, les gares de bifurcation où il a à descendre pour cela. il sera d'ailleurs encore renseigné de nouveau dans les gares de bifurcation s'il a à descendre pour changer de train.

ARRIVÉE À DESTINATION.

A la gare d'arrivée, le permissionnaire devra faire une dernière fois timbrer sa permission, dont le coupon retour sera détaché. Il se rendra ensuite à la place de rassemble-.ment qui concerne son unité et qu'indiqué une pancarte, et se conformera aux indications qui lui seront données là par les autorités militaires présentes pour rejoindre sa destination finale.

REMARQUE.

Il ne faut pas oublier que le permissionnaire ne rejoint pas forcément l'endroit d'où il est parti, puisque, si son unité s'est déplacée, c'est tout d'abord le centre de ralliement qu'il aura à rejoindre; il se peut même, dans des cas exceptionnels, qu'il ait à rejoindre une destination qui n'avait pu lui être indiquée. Il n'a donc pas d'autre conduite à tenir au retour que de se conformer très docilement à toutes les indications successives qui lui sont données.

Un bon soldat doit s'attacher à rester le moins longtemps possible en route.

Agir autrement est se conduire en mauvais camarade, parce qu'on retarde la mise en route de ceux qui doivent partir en permission après.

PETAIN.

 

 

 

 


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