De la revue ‘le Monde Illustré’ no. 3107 du 7 juillet 1917

La Prise de la

« Caverne du Dragon »

 

 

Les Combats de 1917

Le 25 juin, en fin de journée, après une courte préparation d'artillerie, nos troupes prononçaient une brillante attaque au nord-ouest d'Hurtebise, sur un éperon que, le 16, un «Stoss-trupp » bavarois nous avait enlevé. En quelques instants, tous nos objectifs étaient atteints; la première ligue allemande tombait en notre pouvoir. Des contre-attaques ennemies, lancées aux deux extrémités de la position conquise, et appuyées par un violent bombardement, étaient brisées par nos feux. Et notez bien ceci: alors que, le 16 juin, les Allemands ne nous faisaient que vingt-quatre prisonniers, dont un officier, nos soldats, le 25, en reprenant la même position, s'emparaient de trois cents quarante prisonniers, dont dix officiers. Qu'on remarque aussi, par parenthèse, la proportion d'hommes de la classe 1917 dans l'effectif des compagnies de régiments actifs faites prisonnières par nous au saillant d'Hurtebise: cette proportion est d'un quart environ.

D'après de nouveaux renseignements, parmi les organisations que nous avons conquises ce jour-là, se trouvait la « caverne du Dragon », large de plus de 100 mètres et profonde de 300 environ. Transformée en une véritable forteresse, cette caverne, avec ses nombreuses sorties vers l'extérieur, ses cheminées d'où surgissaient des mitrailleuses, constituait une importante place d'armes, point de départ des contre-attaques ennemies. Un matériel considérable y était accumulé, 9 mitrailleuses en bon état, plus de 300 équipements, de nombreux fusils, des dépôts de munitions, des projecteurs électriques et un poste de secours sont tombés entre nos mains.

Située au saillant nord-ouest de l'éperon d'Hurtebise, la « Caverne du Dragon » comprenait un ensemble de tranchées étayées, sur le rebord du plateau, de profondes galeries, qui couraient en d'infinies ramifications.

Sous ce plateau, et sur lesquelles s'ouvraient de nombreux orifices d'entrée et de sortie.

C'est à la division Gaucher, dans laquelle des fantassins des Vosges, du Nivernais et du Maçonnais rivalisent de courage avec les chasseurs à pied, qu'échut la première mission de s'emparer des tranchées allemandes qui encerclaient le Monument, et, notamment, des organisations dites du « Doigt d'Hurtebise », organisations dont la base était précisément la «Caverne du Dragon ».

Une courte préparation d'artillerie prélude à l'attaque, et, le 25 juin, à six heures du soir, nos troupes sortent de leurs tranchées et bondissant à travers le terrain labouré par nos obus.

Tandis que la droite progresse avec rapidité, des unités ennemies, qui essayent de s'opposer à notre élan, retardent nos éléments de gauche. Après un violent combat, elles sont culbutées. Notre ligne se rétablit, tous les objectifs sont atteints et, en dépit des contre-attaques, tous finissent par être maintenus.

Quant à la « Caverne du Dragon », les issues de ses galeries ont été écrasées par nos obus ou cernées par nos grenadiers. La garnison, menacée d'asphyxie et fuyant les éboulements, est contrainte de sortir pour se rendre, officiers en tête. Les hommes s'écrient: « Krieg fertig! » (La guerre est finie! ) Ils lèvent leurs calots en l'air avec une joie non dissimulée.

Nos ennemis vont-ils tenter de réparer leurs échecs de ces derniers mois? C'est à supposer. A l'heure où nous écrivons, une activité très vive se manifeste en différents secteurs de notre front. La lutte, qui se limitait, depuis plusieurs semaines, au nord de l'Aisne et en Champagne, s'est étendue jusqu'aux rives de la Meuse.

Les Allemands, qui se sont tenus, pendant de longs mois, sur une stricte défensive, méditent évidemment de recouvrer l'initiative des opérations. Nous pouvons faire confiance à notre haut commandement. Il n'a pas été sans envisager cette éventualité.

 

De L'illustration N° 3880 du 14 juillet 1917

La prise de la caverne du Dragon, le 25 juin

Une des trois entrées (côté Sud) de la caverne du Dragon, à 20 mètres sous la ferme de la Creute, à 50 mètres sous le Chemin des Dames.

Cette ouverture était défendue par une mitrailleuse qui a tiré jusqu'à la dernière extremité.Tandis que nos grenadiers s'en rendaient maître, d'autres éléments franchissaient le plateau du Chemin des Dames, redescendaient sur l'autre versant et, pénétrant par l'entrée Nord, y capturaient 300 Allemands.


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