Les Echos de Montcornet

(n° 2 )

25 juillet 1915

Grâce à la bonne volonté de nos aimables collaboratrices, nous pouvons compléter les quelques informations données dans notre n° du 25 juin dernier.

Rappelons nous que nos vénérés Pasteurs, restés fidèles à leurs postes, apportaient à nos chères familles les consolations de notre sainte religion.

Que nos dévoués conseillers, Messieurs Louis Petit et Paul Bontemps s’occupent des intérêts de la commune à la mairie, qui se tient chez Mr Réycoudier.

Que Messieurs Reycoudier, Guibert, Georges Deck, sont désignés par les autorités militaires comme gardes civils.

Rendons hommage en passant à nos courageuses concitoyennes, Madame Lens et sa sœur, Melle Bosmain, qui se prodiguent auprès de nos chers petits et donnent leurs soins dévoués aux jeunes mères. Grâce à leur dévouement, nous savons qu’il n’y a pas de mortalité anormale infantile.

Munies de passeports permanents, elles circulent dans toute la région. Nous leur adressons au-delà de la barrière, le témoignage de notre profonde reconnaissance.

Nous savons que les maisons de commerce, la sucrerie, comme les maisons particulières inhabitées ont été pillées ; qu’une épicerie allemande est installée chez M. Froment, une charcuterie allemande chez M. Lisees, une chez M. Pierron ; des cafés allemands à la gare chez M. Lagasse, chez M. Charlet.

Le collège et l’école communale sont ouverts.

Que Mesdames Paris, Lambert (J. Courtois) Mme Biart ont heureusement accouchées, et que les mamans et les bébés se portent bien.

Monsieur Jules (mécanicien à la sucrerie), Mme Biart, Mme Alexis Guillaume, gravement malades, sont maintenant guéries. Mme Jules (emmenée à l’hôpital de Laon en mêle temps que son mari, y est mort 8 jours après ).

Nous adressons à M. Paul Muzy (frère de Mme Jules) actuellement s/s lieutenant sur le front, nos sincères condoléances.

Madame Paquet, rue des Juifs, opérée de l’appendicite par les majors, va bien.

On nous apprend la mort de Messieurs Patot, Paucet, Patin, Fromage, Mme Cadet-Soyeux, et la mère de M. Toulouze.

On signale la mort de m. Gananet (Est vrai?) ; celle de M. le Docteur Peyron, prisonnier en Allemagne, l’enterrement de Mme Peyron en Allemagne.

A Chaourse, Mme Picard-Coulbeau remplit les fonctions de maire ; M. Delemme et Jules Noizet prisonniers en Allemagne. Monsieur le curé de Chaourse dit sa messe tous les jours.

Les magasins Girardot-Dussart, les maisons lange, Camus, Arthur Marc, Mademoiselle Nice, inhabitées, sont pillées. Les habitants ne sont pas malheureux.

Chaque semaine, je reçois des prières à copier 9 fois, pour envoyer à 9 personnes différentes. De grâce, chers réfugiés et vous, chers amis du front ou de l’arrière, ne vous prêtez pas à cette combinaison stupide, inventées par les ennemis de nos dogmes, ou quelques cerveaux détraqués. Si vous en recevez, brûlez-les. Vous éprouverez une grande joie, celle d’économiser 9 feuilles de papier, 9 enveloppes et votre temps. Vous éviterez au vaguemestre un travail inutile et le service postal y gagnera. Rendez service à vos amis en le leur disant, et si une «âme sensible» insistait sous les graves malheurs que vous courrez à «briser la chaîne»répondez charitablement que les poires ne se cultivent pas dans le domaine des croyances religieuses. Nous publierons prochainement la liste de nos morts, de nos blessés, de nos prisonniers, de nos disparus. (Prière à nos amis de nous en informer)

Bon courage et confiance toujours.